Voir ESTHÉTIQUE
Voir THÉORIE
Voir ŒUVRE :
(extraits ci-dessous)
LENOIR Béatrice, "L'ŒUVRE* d'art", Flammarion, 2012, 248 p.
"Les liens entre œuvre et art sont problématiques : l'activité de production est une activité SERVILE selon ARISTOTE, puisqu'elle fait du producteur un instrument au service de l'œuvre : "il faut participer à celles des [tâches] utiles qui ne transforment pas celui qui s'y livre en sordide ARTISAN" et "les arts de ce genre qui affligent le corps d'une disposition plus mauvaise nous les disons dignes des artisans et nous le disons de même des activités salariées. Car ils rendent la pensée besogneuse et abjecte" ("Les Politiques", VIII, 2, 1337-b4, GF-Flammarion, 1990, p.519-520). Ces considérations traitent de l'ÉDUCATION à donner aux futurs citoyens laquelle doit faire d'eux des hommes libres, capables de délibérer sur le bien commun et de le réaliser par leur action. Hannah ARENDT souligne qu'il est surprenant de MÉPRISER une ACTIVITÉ dont on admire le produit. Comment peut-on dire à la fois que la sculpture est une activité dégradante et que ceux qui ont vu le Zeus d'Olympie sculpté par PHIDIAS n'ont pas vécu en vain ? "L'homme, en tant qu'homo faber, instrumentalise, et son instrumentalisation signifie que tout se dégrade en moyen, tout perd sa valeur intrinsèque et indépendante [...]. C'est précisément en raison de cette attitude de l'homo faber à l'égard du monde que les Grecs de l'époque classique traitaient le domaine des arts et métiers, celui où l'on se sert d'instruments, où l'on ne fait rien pour le PLAISIR et tout pour produire autre chose, de banausique, (...), pour signifier la pensée vulgaire et l'action fondée sur les expédients. La violence de ce mépris ne cessera pas de nous surprendre si l'on songe que les grands maîtres de la sculpture et de l'architecture grecque n'y échappaient en aucune façon" ("L'œuvre", in "Condition de l'homme moderne", Agora, Pocket, 1983, p.212).
Cette attitude vient du fait que, si la production n'est pas LIBRE, en raison de l'extériorité de sa fin, il n'en est pas de même pour la CONTEMPLATION. La contemplation n'a pas d'autre fin qu'elle-même : c'est en ce sens un modèle d'activité libre. A l'intérieur des arts eux-mêmes, cette distinction conduit à séparer les arts mécaniques, qui exigent le travail du CORPS, des arts libéraux, dont le produit se confond avec l'activité INTELLECTUELLE. "
" Ne faudrait-il pas que rien de l'œuvre ne lui échappe ? C'est ce que souhaite Paul VALÉRY : "Si je devais écrire, j'aimerais infiniment mieux écrire en toute conscience et dans une entière lucidité quelque chose de faible, que d'enfanter à la faveur d'une TRANSE et hors de moi-même un chef d'œuvre d'entre les plus beaux" ("Variété II, "Lettre sur Mallarmé", Idées-Gallimard, p.286). Ici l'œuvre n'est plus conçue comme la fin, mais comme le résultat d'une activité de production dont la véritable fin est l'accomplissement de l'artiste."
"Nietzsche On produit grâce au métier, on ne crée pas. L'imitation des tableaux de maître ou les exercices de styles littéraires développent l'habileté ; mais seul le GÉNIE invente la fin qu'il doit atteindre ; lui seul affronte l'INCONNU, lui donne forme dans son œuvre, et aucun savoir-faire n'est à la mesure de cette aventure."
"A l'opposé, PLATON affirme la nécessité de distinguer la satisfaction de la raison (connaître la VÉRITÉ) de celle de la sensibilité. Dans certains cas, ces deux termes coïncident : certains musiciens et poètes suscitent des désirs propres à la réalisation du BIEN ("La République", III). Mais la plupart du temps, PLAIRE à la sensibilité devient le but principal de la représentation, et la raison est souvent soumise à cette fin."
Voir THEORIE
(extraits ci-dessous)
CAUQUELIN Anne, "Les THÉORIES* de l'art", coll. Que sais-je ?, PUF, 1998, 127 p.
"D'emblée, ARISTOTE pose que l'art fait partie des activités humaines sans a priori défavorable. Il classifie selon la logique de l’emboîtement, sans souci hiérarchique de l'ordre éthique ou d'évaluation par rapport à un principe supérieur.
Pour décrire l'activité artistique, on considère que les activités humaines sont un genre, l'art en serait une espèce. Et se définirait ainsi : espèce d'activité qui PRODUIT en vue d'une FIN extérieure ; ce qui se distingue d'autres activités dont la fin est l'action. Le médecin qui produit la guérison du corps par ses remèdes vise une fin extérieure à lui : il pratique un art."
"(Toujours Aristote) L'autre manière de limiter la fantaisie est la MÉMOIRE d'un PASSÉ commun (légendes, hauts faits de la civilisation grecque). Ces histoires sont connues de tous. Ces lieux propres à la tragédie sont appelés aujourd'hui suspense (comme un événement inattendu, un coup du malheur, un événement redouté). La finalité de l'art doit être le plaisir qu'il donne (Livre 6, définition de la tragédie).
L'art est uniquement dirigé vers la jouissance esthétique (pas l'utilité ni l'éducation morale, ni approcher la vérité comme PLATON)."
"Toujours Aristote "La Poétique" définit le lieu d'exercice de la tragédie, au milieu des arts de la mimesis, et la place de ces arts dans les activités artistiques. Le statut de l'art est posé : la liberté se l'artiste vis à vis des faits, les attentes du public, la fiction qui respecte le vraisemblable, la finalité de la mimesis qui est le plaisir. "
"KANT explore les modes de CONNAISSANCE et parvient à la conclusion suivante : l'entendement se résume aux phénomènes naturels, le noumène (le monde du noûs : l'essence) est réservé à un autre type de CONNAISSANCE. KANT définit un monde de la raison pure (les préceptes de la Raison), un monde de la raison pratique (lois de la nature) et un monde de l'art, à l'écart mais lié aux deux autres mondes. KANT propose 4 paradoxes qui sont les fonctions logiques dans lesquelles un jugement peut être porté. La qualité (satisfaction ou déplaisir), la quantité (universalité ou subjectivité), la relation à la finalité (déterminisme ou liberté), la modalité (nécessité ou possibilité). On obtient les 4 moments du jugement esthétique qui sont : la satisfaction mais sans intérêt, l'universalité mais subjective, la nécessité mais libre et la finalité mais sans fin."
"La finalité sans fin est la condition du désintéressement. Le beau n'est pas un concept : la finalité globale de l'univers vague au-dessus des objets et nous la captons à travers un objet, sans passer par le CONCEPT ("Critique du jugement", § 17)."
""La Critique du jugement" devient la théorie de référence, la vulgate s'en empare, prend la forme d'impératifs. L'œuvre d'art sera non utilitaire, désintéressée, non soumise au concept, exemplaire, universellement reconnue par un sentiment à la fois individuel et collectif, elle sera communicable, directement, sans intermédiaire, fera la liaison entre la finalité de la nature et les fins plus particulières qui sont celles des humains."
" L'œuvre en vérité advient comme un MONDE, elle met en PRÉSENCE d'un monde : "tous les jeux sacrés de l'art ne sont que des lointaines imitations du jeu sans fin du monde, cette œuvre d'art qui éternellement se donne forme" (SCHLEGEL). "
Voir THEORIE
(extraits ci-dessous)
CHALUMEAU Jean-Luc,"Les théories de l'art", Éd. Vuibert, 1994, 137 p.
"Charles BAUDELAIRE est le créateur de la "critique créatrice". Il se réfère à DELACROIX tout au long de sa carrière de critique. Il pense que la critique doit être PARTIALE, PASSIONNÉE, POLITIQUE : "qui dit romantique dit art moderne, c'est-à-dire intimité, spiritualité, couleur, aspiration vers l'infini, exprimées par tous les moyens que contiennent les arts"."
"CLASSICISME et BAROQUE au XVII°s : Nicolas POUSSIN rédige le début d'un "Traité d'art", dont seul un fragment a été conservé. Les préoccupations de POUSSIN sont l'ORDRE, la CLARTÉ, la SIMPLICITÉ. La peinture de POUSSIN synthétise la NATURE et l'HISTOIRE. Il communique l'idée d'infini et d'immobilité."
"Friedrich Wilhelm SCHELLING est le fondateur de l'esthétique idéaliste avec HEGEL. L'ART serait l'accomplissement de tous les discours fondamentaux (religion, philosophie, politique, éthique). Dans l'œuvre d'art, l'INFINI s'exprime sous un mode FINI, ce qui est pour SCHELLING la définition de la BEAUTÉ. L'artiste n'imite pas la NATURE : il RIVALISE avec elle. "La nature a été remplacée parles belles œuvres de l'Antiquité.""