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VIRTUEL

DE MEREDIEU Florence, "Histoire matérielle et immatérielle de l'art moderne et contemporain", Larousse, 1994, 2004, 2017, 751 p.
p.571 Les limbes du virtuel
Agam, artiste de l'art cinétique, intègre un mouvement virtuel qui se développe et se révèle dans le temps, au gré des déplacements du spectateur ("Nouveau solfège", 1966, peinture à l'huile sur aluminium ondulé). L'oeuvre peut être perçue de face mais aussi sous d'autres angles et varie en fonction des mouvements du spectateur.

Nous pouvons distinguer deux types de virtualités avec Bergson : une virtualité de type mathématique (toutes les données futures préexistent sous forme de nombres ou de données : comme l'image numérique) et une autre virtualité, dynamique, non totalement prédéterminée, susceptible d'adaptations, de transformations : celle du vivant.

La question que pose l'art conceptuel et que réactive l'imagerie informatique tient dans la nécessité ou non du passage de la puissance à l'acte. L'image pesante, matérielle, prégnante est-elle nécessaire ? Ou faut-il se contenter du seul concept, de la méta-image, d'une image réduite à un chiffre ? La question est celle de la localisation ou non de l'image, et de son statut. Cela soulève aussi l'ambiguïté de la notion de forme : conceptuelle et virtuelle ou spatio-temporelle et effective ?L'oeuvre peut-elle se passer d'une situation ou incarnation dans un temps et un lieu ? Les installations, qui incluent maintenant les moyens informatiques, prennent en compte la spatialité.

L'autre question est celle de la prédétermination : l'esquisse, l'improvisation ou son contraire la pré-programmation de la création, pour laquelle l'oeuvre est déjà toute faite (comme avec Sol Lewitt ou Vera Molnar). Sol Lewitt voit l'idée comme une "machine qui produit de l'art". Vera Molnar programme de façon variée ses dessins par ordinateur et obtient une multitude de possibles.





SOURIAU Étienne,"Vocabulaire d'ESTHÉTIQUE*", PUF , 1990, 1408 p. (Ici les résumés des définitions se retrouvent dans le classement alphabétique du site).
Le concept d'existence virtuelle ou existence en puissance est d'origine aristotélicienne. Une existence virtuelle est une existence latente, qui ne se manifeste pas. Elle s'oppose à l'existence en acte.

Chez l’artiste, Aristote quand il prend l'exemple de l'instrumentiste quand il n'est pas encore en train de jouer. Ses connaissances musicales, sa maîtrise de l'instrument sont présents en lui. Une autre virtualité est le don naturel pour la musique. Seule l'actualisation permet de savoir s'il y avait déjà existence virtuelle. Ce passages nécessite des conditions, des circonstances, et l'actualisation est sélective.

Une oeuvre dans son existence en acte contient plusieurs ordres de virtualité : sont à part les arts où l'exécution est distincte de la composition et même le fait de personnes différentes (musique, théâtre...).
L'oeuvre composée contient virtuellement ce que l'interprète fera passer à l'acte.

Toute oeuvre d'art représentatif contient virtuellement le monde qu'elle représente, même si elle n'en représente qu'une partie. Ce qui n'est pas explicitement représenté peut être dégagé de l'oeuvre par le raisonnement (voir diégèse).

Certaines catégories esthétiques reposent sur une intense présence du virtuel dans l'oeuvre. Le mystérieux est caractérisé par une forte présence de l'absent, on y éprouve l'existence puissante de ce qui n'est pas ouvertement révélé.

L'oeuvre qui n 'existe pas encore peut avoir une existence virtuelle : l'acte de l'artiste crée l'oeuvre et la révèle en même temps, elle n'existe même pas encore dans sa pensée. Il est dirigé par ce qui n'est pas et qui dépend de lui. Ce cas philosophique est curieux : l'essence est du côté du virtuel, l'existence en acte l'accomplit. C'est dans l’existence en puissance qu'est la forme vers laquelle tend l'actualisation de cette puissance.





Voir ESTHÉTIQUE

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